C'est ce qui peut venir à l'esprit quand on tombe sur l'affiche placardée dans certaines rues d'ici, celle illustrant la nouvelle campagne des éleveurs de porcs bretons, celle prônant l'authenticité de leur "production" bien bretonne. C'est ce qui pourrait venir à l'esprit en pensant aux créateurs de l'affiche bien-sûr, et non pas aux animaux concernés.
C'est ce qu'on pourrait dire, mais ça serait insultant, ce serait déplacé, ce serait utiliser une expression qui ne devrait pas exister, qui est déjà une aberration. Ce serait méconnaître la délicatesse - et oui -, l'intelligence, la propreté - oui la propreté - des cochons. Vous l'avez peut-être vue cette affiche ? Un éleveur au stylisme très étudié, moderne et décontracté et un cochon sur lequel on a eu l'audace malsaine de tatouer un petit porc rose dont la forme rappelle vaguement un coeur... Elle dit : "il pète, il rote, mais avec lui vous êtes sûr de manger sain, bon et breton"
Il rote, il pète, il est breton... Ah le bien joli slogan que voilà, à coup sûr il donne envie de visiter les bretons ! Honnêtement je ne suis pas bretonne, sinon je rougirais devant une telle représentation d'une aussi belle région. Est-ce donc l'image que les bretons souhaitent donner aux autres français ? Est-ce donc l'image qu'on veut véhiculer dans le monde ? L'élégance à la française ? Bravo, en 2011, les publicitaires et les éleveurs bretons font preuve de grande classe...
Quand au cochon, le plus malheureux de tous les animaux sans doute, le plus méprisé, le martyr depuis toujours. Celui dont même le nom représente une insulte...
" Pour lui la destinée est impitoyable ; pour lui nul adoucissement, nul réconfort, pas la moindre lueur d'espérance. Voué au sacrifice dès son berceau, créé et mis au monde pour être mangé à la fleur de l'âge, il ne connaît que l'incessante et horrible angoisse du condamné à mort. Attente affreuse d'un dénoûment fatal ! La pitié d'un souverain arrache parfois à la guillotine de grands criminels ; lui, malgré son innocence, n'échappe jamais au couteau du boucher " B. Prost 1882.
On dit qu'il est sale alors qu'on l'enferme le plus étroitement possible dans le fumier. En vérité, s'il en a la possibilité, le cochon est celui des animaux de la ferme qui fait ses besoins le plus loin possible de sa couche ! On dit qu'il est bête alors qu' il a l'intelligence d'un enfant humain de trois ans, devançant peut-être même les dauphins et les corbeaux, ces autres parias... On le considère comme une brute parce que rendu fou par ses conditions de détention ignobles auquel ne résisterait pas l'humain le plus équilibré, il lui arrive de faire du mal à sa progéniture. Alors dès sa naissance on lui meule les dents, on lui coupe la queue aussi, et on lui arrache les testicules, (pour que sa chair ne dégage pas d'odeur suspecte au goût des humains), le tout sans aucune anesthésie bien-sûr. Les infâmes bourreaux prétendent que les bébés cochons ne sentiraient rien ! N'importe quelle vidéo pêchée sur le site de L214 ou de laforetdelea L214 prouverait le contraire à tout le monde, si seulement tout le monde connaissait le mot compassion... D'ailleurs plusieurs pays sans doute un tout petit peu plus civilisés ont rendu obligatoire l'anesthésie avant la castration, voire même ont supprimé cette mutilation. Je vous parlais de délicatesse, oui, c'est parce que les cochons, contre toute attente, aiment la musique. Peu nombreux sont les bienheureux qui en ont l'occasion bien évidemment, mais ceux là l'écoutent attentivement, particulièrement la clarinette parait-il, qu'ils accueillent avec de délicats petits grognements... Et enfin on le dit laid...
Tous les humains qui le trouvent laid sont-ils beaux ? Et pourtant, ils ont le droit de vivre...
Moi, mes jolis, je vous donne tout mon amour, et malheureusement, ça ne sert à rien...
" à le bien examiner, il n'est pas aussi désagréable à l'oeil que les mauvaises langues le dsent. Il n'est pas beau, mais il est joli. Jeune, il a pour lui la gentillesse ; rien de coquet et de gracieux comme ces petits corps blancs et roses, proprets, toujours frétillants, à la frimousse guillerette et fûtée. Plus âgé, il se recommande aux amateurs de plastique par son échine large et souple, son pied fin, sa jambe ronde, son oreille transparente, ses joues trouées de fossettes ; trois choses surtout, chez lui, sont véritablement incomparables : la queue en vrille, fantasque, intéressante, spirituelle ; l'oeil, expressif et d'un feu étrange, à la fois moqueur, insouciant et mélancolique, reflétant toute une psychologie inconnue à nos philosophes... "
affiche imaginée et réalisée par Raphaël
